Montreuil – France

Casiers solidaires

Domaines d'action

Région / pays

LE CONTEXTE DE VOTRE ACTION

Le projet des Casiers Solidaires est né à Lisbonne, des conversations que les bénévoles d’ACA ont engagées avec des personnes vivant dans la rue. Le constat était dressé que ces personnes qui livrent une lutte quotidienne pour ne pas se faire voler leur argent, leurs papiers, leurs vêtements mais aussi des objets ayant une valeur sentimentale ont besoin d’un endroit sécurisé pour stocker leurs affaires. « Dans la rue, il n’y a pas de confiance. C’est le système D, on se débrouille à droite, à gauche ». De la confiance, voilà ce qu’apportent les casiers solidaires aux sans-abris qui en bénéficient.

Après un long travail de conception avec une entreprise locale, les premiers casiers solidaires sont implantés à Lisbonne en 2015. En 2018, 60 casiers sont proposés à des personnes sans-abri qui acceptent la signature d’un contrat fixant un rendez-vous hebdomadaire obligatoire avec un travailleur social. Les résultats sont impressionnants : plus des 2/3 des personnes ayant quitté le dispositif ont pu sortir de la rue pour retrouver emploi, logement, centre de désintoxication ou communauté d’insertion.

Emmaüs Alternatives est à l’origine de la mise en place des premiers casiers solidaires à destination des personnes sans-abri en France. En partenariat avec la ville de Montreuil, près de Paris, et l’association portugaise ACA, 12 casiers ont été installés en octobre 2018, et 12 autres en novembre 2020.

Avec sa simplicité et son impact positif immédiat, ce projet vient compléter les actions menées par Emmaüs Alternatives depuis 1991 pour accompagner les personnes vivant dans la rue ou très éloignées du marché du travail, en matière d’accès aux droits et à l’emploi.

Loin de fixer les personnes dans la rue, ce projet est un nouvel outil de réinsertion ciblant les personnes les plus exclues. En effet, si les casiers solidaires visent à répondre à un besoin concret fondamental, le travail d’accompagnement social et le lien social qui se créent autour de l’accès au casier sont essentiels pour construire un chemin qui sorte, progressivement et par étape, les personnes de la rue.

LES ACTIVITÉS MENÉES DANS LE CADRE DE VOTRE ACTION

Le repérage du public
Les nouveaux bénéficiaires sont repérés lors de déplacements de la référente sociale sur la commune concernée. Certains se présentent spontanément.

Les prestations proposées
• Un casier permettant au bénéficiaire d’entreposer ses effets personnels. Chaque bénéficiaire reçoit une clé qui lui permet d’accéder à ses affaires 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
• Le bénéficiaire est pris en charge par un référent social spécifique qui lui propose chaque semaine un rendez-vous pour l’accompagner dans ses démarches d’insertion. Cet engagement (à venir au rendez-vous et entamer des démarches) est formalisé par un contrat qu’il signe à la remise des clés du casier.

La domiciliation : Nous avons fait le choix, de ne pas systématiquement domicilier l’ensemble des bénéficiaires au sein de notre association mais d’en orienter certains vers le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Montreuil, afin de maintenir le lien avec les services de droit commun. Au total, 7 domiciliations ont été réalisées.

Le soutien administratif : A l’entrée sur le dispositif, les bénéficiaires des casiers vivent à la rue depuis plusieurs mois, voire plusieurs années et n’entreprennent plus de démarches administratives. Ils ne sollicitent pas les structures d’accompagnement.

L’accompagnement administratif que nous leur proposons doit leur permettre de reprendre confiance et d’accepter d’entamer, avec notre soutien, des démarches administratives (pièce d’identité, ouverture de droits santé, etc.).

L’accompagnement santé : Pour 7 des bénéficiaires, la mise en place d’un accompagnement santé a été nécessaire et est un préalable à toutes démarches d’insertion. Cette prise en charge s’est faite systématiquement par des accompagnements physiques (pour des rendez-vous médicaux et vers les services spécialisés en addictologie). Nous avons aussi mené des démarches d’ouverture de droit liées à la santé.

La recherche d’hébergement : Notre action a consisté à rédiger des Fiches d’Entretien et d’Evaluation (13 bénéficiaires) et à appeler le 115 (11 personnes). La majorité des personnes accompagnées ne souhaite pas que nous entamions de recherche d’hébergement, car elles sont inquiètes des conditions dans lesquelles elles pourraient être hébergées (hébergement collectif, remise à la rue le matin, etc..).

Signalement maraude : Le travailleur social a pu durant le confinement réaliser 3 signalements auprès des Equipes Mobiles d’Aide (REMA) via « la fiche de signalement maraude » mise à disposition des partenaires 115 et du Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO). Ces équipes ont ainsi pu apporter une aide (prestations alimentaires, dépannages vestiaires, lien social) auprès des 3 bénéficiaires des casiers qui se sont retrouvés en très grandes difficultés face à la fermeture des structures qu’ils côtoyaient surtout le soir durant cette période.

L’aide alimentaire : Nous sommes intervenus pour 7 usagers qui ont exprimé le besoin de bénéficier d’une aide alimentaire soit en interne (distribution de colis alimentaire tous les vendredis au siège de l’association) ou par orientation vers les Restos du Cœur.

L’aide vestimentaire et matérielle : L’ensemble des bénéficiaires a pu bénéficier de bons vestiaires leur permettant de retirer dans une de nos boutiques des vêtements correspondant à leurs besoins et à la saison. Pour 7 d’entre eux, nous leur avons remis des aides matérielles (sacs de couchage et couvertures), afin de tenter d’améliorer leurs conditions de vie à la rue.

Le soutien à l’insertion professionnelle : 4 personnes déclarent avoir une activité professionnelle : 1 personne en contrat à durée indéterminée (CDI) à temps partiel, 2 personnes en INTERIM (travail intérimaire/temporaire) et une personne en chantier d’insertion. Une personne a été orientée sur notre chantier d’insertion pour être bénévole.

Le soutien financier : Nous sommes amenés à apporter aux usagers sans ressources des aides financières pour améliorer leur vie au quotidien (prise en charge des frais pour le renouvellement d’une carte nationale d’identité et cours de Français).

La fin de la prise en charge

Madame M : Madame est sortie du dispositif avec une solution personnelle et un emploi en CDI. Sa situation reste quand même précaire, l’accès au logement autonome reste impossible tant qu’elle n’entamera pas une procédure de divorce.
Durée de prise en charge : 14 mois.

Monsieur N : Monsieur n’a jamais adhéré au dispositif. Pour lui il s’agissait simplement de mettre ses affaires à l’abri. Il refusait toute discussion ou échange avec le référent social. Nous avons mis fin à sa prise en charge. Durée de prise en charge : 10 mois.

Monsieur E : Monsieur E était une personne très autonome ne sollicitant que très peu le référent social. Tout au long de l’accompagnement, il faisait part de ses nombreux projets qu’il était capable de réaliser seul. Il a trouvé un emploi qu’il a perdu au bout de deux mois. Peu de temps après, il a été chassé de son lieu de vie (squat), c’est à ce moment-là qu’il a sollicité le référent social. Très vite, il a de nouveau refusé toutes les propositions d’accompagnement. Il tenait des discours injurieux et menaçants. Il a vidé de lui-même son casier. Durée de prise en charge : 14 mois.

Monsieur C : La demande de Monsieur C à l’entrée du dispositif et tout au long de l’accompagnement était de pouvoir trouver un logement et ainsi chercher du travail. L’accompagnement s’est donc orienté vers la recherche d’hébergement en tentant de lever les freins pour une durée longue (duplicata du titre de séjour, soin psychologique) qui ralentissaient la réalisation de son projet. Une fin de prise en charge a eu lieu suite à l’incarcération de Monsieur pour une période longue. Durée de prise en charge : 17 mois.

Monsieur Y : L’accompagnement de Monsieur Y s’est surtout faite autour de l’ouverture de ses droits au Revenu de Solidarité Active (RSA) et de ses soins médicaux (état de santé fragile). Il n’émettait pas le souhait ni de sortir de la rue ni de trouver un emploi. La clef a été rendue d’un commun accord. Aujourd’hui, il est de temps en temps hébergé chez ses frères et il continue de se faire soigner. Durée de prise en charge : 15 mois.

La durée moyenne de prise en charge des personnes suivies a été de 14 mois.

QUI S’IMPLIQUE DANS VOTRE GROUPE ?

Un référent social qui est équipé de matériel informatique portable afin de pouvoir réaliser les démarches dématérialisées dans la rue (téléphone, ordinateur, connexion internet).

Il est accompagné dans son travail et dans son évolution par la Directrice du pôle Action Sociale et Hébergement qui est aussi chargée du développement et de la pérennisation de ce dispositif.

AVEC QUELS PARTENAIRES PORTEZ-VOUS CETTE ACTION ?

Le partenariat est un élément fondamental de la prise en charge que nous proposons dans le cadre de ce dispositif. Les problématiques qui doivent être prises en charge nécessitent une collaboration avec des partenaires de proximité (majoritairement implantés sur le territoire de Montreuil).

Nos principaux partenaires externes :
– Les services de la ville de Montreuil
– Le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Montreuil
– Le service Pass ambulatoire CHI (Centre Hospitalier Intercommunal) André Grégoire
– L’Association P.R.O.S.E.S (Prévention des Risques Orientations Sociales Echange de Seringues)
– Le CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues) Mosaïque
– La CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie)
– La CAF (Caisse d’Allocations familiales)
– Le Pôle Emploi
– Capass Cite (association de prise en charge spécifique)
– Bol d’air
– La Boussole
– Les Maraudes 115
– L’assistante sociale du commissariat de Montreuil

Les droits de santé

A leur entrée sur le dispositif, 3 personnes ne bénéficiaient d’aucun droit. Pour les 13 autres personnes, les droits étaient ouverts ou en cours de renouvellement.

PERSPECTIVES FUTURES

L’équipe a su mettre en valeur l’intérêt des casiers solidaires pour toutes les personnes vivant à la rue. Emmaüs Alternatives vient de recevoir une subvention de 255 000 euros afin de développer son dispositif dans toute la France. Cette somme est versée à l’association dans le cadre d’un appel à projets de la Fondation « La France s’engage », fondée par l’ancien président de la République François Hollande.

L’association prévoit de cibler des villes de plus de 100 000 habitants, où des propositions de dispositifs solidaires avec les sans-abris avaient été formulées dans le cadre d’un budget participatif. Elle prévoit aussi de s’appuyer sur les associations des communes concernées pour l’accompagnement social des bénéficiaires.

Emmaüs Alternatives a embauché un chargé de développement en janvier 2021, avec l’objectif d’essaimer dans quatorze villes de France. Nous préparons avec Paris l’installation de 24 casiers, dont 12 dès 2021 sur le parvis du Centre Georges Pompidou. 12 casiers seront également installés à Clermont-Ferrand mi-mars 2021.

Objectif pour 2023 : « Créer un réseau des casiers solidaires pour mutualiser les pratiques par exemple, afin que les travailleurs sociaux ne se sentent pas seuls ».

PARTAGEZ LES AVANCÉES ET LES SUCCÈS OBTENUS VIA VOTRE ACTION

Octobre 2018 : installation à Montreuil de 12 casiers solidaires.
Entre le 15 octobre 2018 et le 30 septembre 2020, 16 personnes ont pu bénéficier d’un casier.

Novembre 2020 : installation à Montreuil de 12 nouveaux casiers solidaires.

La ville de Montreuil compte désormais 24 casiers solidaires. Grâce à ce dispositif, neuf des douze premières personnes bénéficiant de ce dispositif, et qui n’avaient plus de papiers ni de couverture médicale, ont pu retrouver une carte d’identité et la Couverture Maladie Universelle (CMU).

VOUS SOUHAITEZ AJOUTER UNE INFORMATION COMPLÉMENTAIRE SUR VOTRE ACTION ?

Retombées à l’extérieur

Lauréat 2020 de la Fondation La France s’engage

Le Parisien 30/11/2020 Montreuil : les sans-abri trouvent un casier et une main tendue grâce à Emmaüs – Le Parisien

France Inter – 08/12
 https://www.franceinter.fr/emissions/l-esprit-d-initiative/l-esprit-d-initiative-08-decembre-2020 

 https://www.facebook.com/696406383760199/videos/1055634431574715 

En route vers l’autonomie

La situation à l’arrivée sur le dispositif : Monsieur K. âgé de 39 ans, il a intégré le dispositif des casiers solidaires en avril 2019. Monsieur est en situation d’errance et de rupture sociale depuis plusieurs années. Il parle de ses liens avec sa famille comme des liens inexistants. Avant de se retrouver à la rue de manière continue en 2016, il a vécu 4 ans en structure d’hébergement. A l’arrivée sur le dispositif sa situation sociale et administrative n’était plus à jour. Il n’avait plus de carte nationale d’identité, ses droits au RSA (revenu de solidarité active) étaient clos, il n’était pas informé que ses droits étaient ouverts à la CCS (Complémentaire santé solidaire) et qu’il bénéficiait de la Carte Solidarité Transport. Il n’était pas inscrit à Pôle Emploi. Il déclarait qu’il était difficile pour lui d’entamer la moindre des démarches administratives. Autre frein important dont il nous a aussi fait part, c’est la difficulté de conserver (perte et vol) ses affaires et ses documents administratifs.

L’accompagnement et les actions menées :

La mise à l’abri de ses affaires dans le casier a été pour lui un soulagement. Il exprime se sentir plus léger depuis qu’il a obtenu un casier. La souplesse du dispositif a permis de le rencontrer très régulièrement de manière informelle (pas de prise de rendez-vous obligatoire). Il a été reçu ou vu au pied des casiers, autour d’un café ou à l’accueil de jour lorsqu’il venait prendre une douche. Petit à petit un lien de confiance s’est créé. La première démarche a été de l’accompagner physiquement sur les différents sites pour renouveler sa carte nationale d’identité (photo, achat du timbre fiscal grâce à une avance financière de l’association remboursable, rdv état civil) Dès l’obtention de sa carte nationale d’identité, Monsieur a interpellé le travailleur social pour enclencher d’autres démarches administratives. Il a accepté d’être inscrit sur SI – SIAO pour obtenir un hébergement. Il est devenu un peu plus actif. Il a ainsi fait part des difficultés qu’il rencontrait avec sa banque, le travailleur social s’est rendu avec lui sur place. Le transfert d’agence a été fait, il a obtenu son relevé d’identité bancaire (RIB), il a aussi pu commander une carte de retrait. Après avoir régularisé sa situation vis-à-vis de la banque, il a pu réaliser sa demande de RSA avec le service dédié d’Emmaüs Alternatives. Autre point important, sa situation vis-à-vis de la sécurité sociale, il pensait ne pas avoir de droit ouvert, il ne consultait jamais de médecin ni se rendait aux urgences alors que son état de santé le nécessitait. Toujours accompagné, il s’est rendu à l’agence de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), il a pu se connecter sur son compte AMELI (assurance maladie en ligne) et ainsi voir qu’il avait ses droits ouverts. Il a dans les jours qui ont suivi pris rendez-vous chez le dentiste ainsi que chez le médecin pour se faire soigner les blessures dues à de multiples agressions.

Durant le confinement, le travailleur social n’a plus eu de ses nouvelles, il n’était plus présent sur son lieu de vie (squat dans un parking sur Montreuil). Les sorties quotidiennes du travailleur social ont permis de retrouver Monsieur. Ce dernier a exprimé être très démotivé par le contexte sanitaire, parlant d’un sentiment de solitude et d’exclusion. Il a été informé de la possibilité de prendre une douche et d’une collation sur le dispositif ouvert et géré par Emmaüs Alternatives grâce à la mise à disposition d’un gymnase par la ville de Montreuil. Il a accepté de s’y rendre et le lien s’est alors recréé. Après l’été, Monsieur a évoqué l’envie de reprendre une activité professionnelle (durant ses 4 années en structure d’hébergement Monsieur a toujours été en activité professionnelle) mais en mettant en avant la difficulté de vivre à la rue et d’honorer des horaires de travail. Nous lui avons proposé d’intégrer le Dispositif Premières Heures (travail à l’heure et progressif). Monsieur a accepté ; avant de commencer, il va devoir constituer son dossier de candidature, réunir toutes les pièces nécessaires et réaliser son cv. Il commencera le 5 novembre 2020, 4 heures semaines.

En conclusion

Aujourd’hui, Monsieur est impatient de travailler mais il exprime quand même sa crainte de reprendre une activité professionnelle (peur de ne pas pouvoir respecter les horaires et le cadre professionnel). L’objectif de Monsieur est de progresser dans son insertion professionnelle et d’accéder à un logement autonome.

De la clef à la confiance

La situation à l’arrivée sur le dispositif : Madame B. âgée de 45 ans, est entrée sur le dispositif des casiers solidaires le 28 janvier 2020. Madame s’est retrouvée sans domicile après avoir été expulsée de son appartement. Expulsion liée au comportement des personnes qu’elle hébergeait (troubles du voisinage). Son état psychique ainsi que ses addictions ne lui ont pas permis de gérer la situation qui a très vite dégénérée. Elle s’est donc retrouvée à la rue seule, très en colère et avec pour seule ressource l’Allocation Adulte Handicapé. Ses liens avec sa famille sont très compliqués et non fiables. Elle déclare avoir travaillé pour la commune de Montreuil mais aujourd’hui elle est sans activité et ce depuis plusieurs années. A l’entrée sur le dispositif Madame est très en colère, triste et très souvent alcoolisée, exprimant le fait qu’elle a le sentiment de ne jamais être écoutée.

L’accompagnement et les actions menées : La toute première étape a été la signature du contrat et la remise de la clef de son casier. Cette action a été pour Madame un moment important. Elle nous a remerciés de la confiance qu’on lui portait. La confiance et l’écoute lui ont permis au fil des semaines d’exprimer ses attentes : arrêter de boire, de souffrir, retrouver la vie d’avant. La première action a été de faire un « tri » dans ses papiers. Cette démarche lui a permis de s’organiser et d’y voir plus clair. Une élection de domicile auprès Emmaüs Alternatives a été ouverte. Cela a permis de centraliser toutes les démarches et éviter son éparpillement administratif. Cette action a permis de s’assurer que tous les droits étaient ouverts. L’accompagnement au quotidien et la disponibilité du travailleur social a permis au fil des semaines à Madame de trouver cette écoute qui semblait fortement lui manquer et de créer une relation de confiance. Elle a pu exprimer la souffrance qu’elle subit à cause de ses addictions. La possibilité d’un sevrage a été abordée avec Madame. Au bout de quelques semaines elle a elle-même demandé à entrer en cure. Pour cette démarche, elle a dû rédiger des lettres de motivations et revenir sur son histoire. Ce travail lui a demandé beaucoup d’efforts. Elle a trouvé la motivation et l’énergie pour effectuer les examens médicaux demandés. Le travailleur social a été présent lors des différents rendez-vous. En aout 2020, elle est entrée en cure à l’hôpital pour une période de deux semaines et demi. A la suite de la cure deux demandes pour entrer en communauté thérapeutique ont été réalisées l’une en région parisienne et l’autre en province. Mais après plusieurs entretiens Madame s’est vue refuser l’admission en communauté thérapeutique. Il s’est passé trop de temps entre la sortie de l’hôpital et la possibilité d’entrer en communauté thérapeutique. Madame a recommencé à boire. Son état n’est plus compatible avec les structures.

En conclusion : Après avoir échangé avec le travailleur social des communautés thérapeutiques, il a été convenu de recommencer le parcours mais en anticipant la suite de la cure. Madame n’entrera en cure que si elle a une solution de sortie en structure. Un travail auprès de structures types Intermezzo (service d’accueil d’urgence et de transition pour toute personne souffrant d’addiction, sevrée et abstinente ou sevrée et bénéficiant de traitement de substitution) ou communauté thérapeutique devra être mené en amont de l’entrée en cure. Aujourd’hui, Madame est dans une nouvelle dynamique, elle se projette. Bien que cela soit encore fragile, elle ose y croire. Elle nous dit qu’être accompagnée lui permet de ne pas lâcher. Les démarches de post cure se poursuivent. Madame envisage même une insertion professionnelle.

QUELS BESOINS AVEZ-VOUS IDENTIFIES POUR AMPLIFIER OU PERENNISER VOTRE ACTION ?

Dès 2018, nous avions identifié des besoins, notamment en personnel pour nous permettre de développer le dispositif à une échelle nationale. L’obtention du prix de la Fondation « La France s’engage » a permis de répondre à ce besoin.