Les poèmes, un talent peu connu de l’abbé Pierre
Aujourd’hui est célébrée la journée mondiale de la poésie, l’occasion de découvrir une facette des écrits de l’abbé Pierre qui n’est pas connue de tous : les poèmes. De l’adolescence à l’âge adulte, l’abbé Pierre n’a jamais cessé d’exprimer par la poésie ses révoltes face à l’injustice comme son émerveillement devant les beautés de la nature.
Anges Gardiens, Pont Sully, 2 Août 1955
Le recueil Feuilles éparses1 dévoile plus d’une trentaine de ses poèmes écrits jusqu’en 1955, dont Anges Gardiens, écrit le 2 août 1955 quand « l’Abbé Pierre et Emmaüs mènent la ‘guerre du logement’. Pour obliger l’opinion publique et les autorités à ouvrir les yeux, ils installent un campement de sans-logis en plein Paris, sous les arches du pont Sully et sur les berges de Seine. Dans ce poème, l’abbé Pierre appelle les anges gardiens à la rescousse. »2
Anges Gardiens
Anges gardiens
mais où êtes-vous, que faites-vous ?
Anges des riches,
anges des désolés
Anges de tous les fils de l’homme
regardez !
Ça fait trop mal
on n’en peut plus dormir.
Anges grondez
tonnez, frappez.
Il y a trop de larmes
et de ventres creux
et de dos grelottants
et de mains vides…
Parmi trop de ventres trop pleins
de rires animaux
de sueurs de brutes trop vêtues
ou de raffinements
de bons à rien dorés.
Anges, sonnez
de vos trompettes de tonnerre.
Que le partage soit fait
Ah ! vivement la fin du monde
enfin la justice
Y a trop de malheur
y a trop de débine
parmi trop
de salauds distingués.
Pont Sully 2 Août 1955
Le Centre abbé Pierre - Emmaüs a réédité en 2020 le recueil de poèmes de l'abbé Pierre « Feuilles éparses », publié en 1955. Bon de commande disponible sur ce lien.
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1 Feuilles éparses, (poèmes), octobre 1955, Abbé Pierre
2 Abbé Pierre, INEDITS. Textes de combats, écrits intimes, correspondances, 2012, page 438
