Liberté de circulation

Opération Wuambushu à Mayotte : le gouvernement français doit cesser de s’acharner sur les plus vulnérables

Opération Wuambushu à Mayotte : le gouvernement français doit cesser de s’acharner sur les plus vulnérables

Ce lundi 24 avril, une vaste opération d’expulsion et de destruction d’habitats informels, nommée « Wuambushu », est prévue par le gouvernement français à Mayotte. Depuis quelques semaines, des forces de l’ordre ont été massivement déployées sur l’île avec pour objectif de raser toute une série d’habitations informelles, d’y déloger les personnes qui s’y trouvent et d’expulser celles qui n’ont pas de papier vers l’île comorienne la plus proche. Emmaüs International dénonce fermement cette opération, qui s’inscrit une fois encore dans une logique de répression et de criminalisation des personnes migrantes.

La France n’en est pas à son premier coup d’essai et on ne peut pas dire que son action ait été guidée par le respect du droit. Suite à la rétention administrative et le renvoi expéditif vers les Comores de deux enfants de 3 et 5 ans à Mayotte, elle avait été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) le 25 juin 2020.

En 2022, La Cimade a documenté plusieurs opérations d’ampleur menées par les forces de l’ordre, suite à la protestation de demandeuses et demandeurs d’asile concernant leurs conditions de vie dégradantes sur l’île. Rappelons que le Conseil d’Etat avait jugé en 2020 que les conditions d’accueil des personnes demandant l’asile à Mayotte n’étaient pas conformes au droit européen.

Une pauvreté écrasante

A Mayotte, 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Malgré tout, des personnes venues du continent africain et des Comores tentent continuellement d’atteindre l’île, au péril de leur vie. On ne compte plus le nombre de personnes s’étant noyées en mer suite au naufrage de leur embarcation. Pauvreté économique, misère sociale, accès aux droits et aux services publics extrêmement dégradé, climat de rejet et de xénophobie : c’est dans ce contexte explosif que le gouvernement souhaite, coûte que coûte, mener cette opération de répression, de destruction et d’expulsion.

Plutôt que de participer à la stigmatisation des personnes étrangères vulnérables, le gouvernement doit assumer ses obligations : garantir l’accès aux droits et des conditions d’accueil et de vie dignes à toutes et tous. Nous nous associons et soutenons la demande des collectifs sur place, de la diaspora comorienne, de défense des personnes exilées, des associations de solidarité internationale et des organisations humanitaires, de renoncer à cette opération.

*Photo CC PS / Flickr