Paix

Appel à la mobilisation pour la défense d’un système multilatéral démocratique et du droit international

Appel à la mobilisation pour la défense d’un système multilatéral démocratique et du droit international

L’affaiblissement croissant du droit international et des cadres multilatéraux — provoqué par les intérêts des transnationales et des élites dominantes — est profondément préoccupant. La souveraineté des peuples ainsi que les principes d’égalité et de justice qui fondent le système du droit international sont régulièrement menacés. 

Aux côtés d’organisations et de mouvements sociaux internationaux, Emmaüs International signe donc cet appel qui invite les mouvements sociaux, syndicats et organisations progressistes à s’unir pour défendre un multilatéralisme démocratique et centré sur les peuples, libre de l’emprise des transnationales. Un système dans lequel tous les États et tous les peuples sont entendus et représentés sur un pied d’égalité ; un système dans lequel les auteurs de crimes et de violations des droits humains sont tenus responsables de leurs actes. 

Genève, octobre 2025

Nous, soussignés, mouvements sociaux et organisations de la société civile, sommes profondément préoccupés par les tentatives de démantèlement du droit international, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump et ses attaques contre le système multilatéral. Alors que plusieurs États puissants violent le droit international dans divers contextes, les États-Unis se livrent à des abus sans précédent qui sapent directement les principes fondamentaux du multilatéralisme et du droit international.

Non seulement les États-Unis se sont retirés d’organismes clés des Nations unies et d’accords internationaux, tels que le Conseil des droits de l’homme, l’Organisation mondiale de la santé, l’UNESCO, et ont activement encouragé d’autres États à abandonner ou à saper les cadres multilatéraux, mais ils ont également cessé de payer leurs contributions obligatoires, provoquant de graves perturbations opérationnelles dans l’ensemble du système des Nations unies. Le gouvernement américain a en outre décrété des sanctions aux titulaires de mandats des Nations unies, notamment à Mme Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, entravant gravement leur capacité à s’acquitter de leur mandat de manière indépendante et efficace. Il a également pris pour cible la Cour pénale internationale (CPI) par le biais de sanctions et d’intimidations politiques visant à paralyser son travail.

Les États-Unis ont restreint la liberté de mouvement ou refusé à plusieurs reprises d’accorder des visas à des représentants dûment accrédités des États membres de l’ONU, notamment à des responsables de l’Autorité palestinienne ainsi qu’à des représentants d’organisations de la société civile et de mouvements sociaux, les empêchant ainsi de participer aux sessions de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Cela constitue une entrave directe au droit des États membres d’accéder au principal forum multilatéral mondial, un droit explicitement garanti par le droit international et l’accord de siège de 1947. Le fait que le pays hôte abuse de sa position privilégiée pour entraver la participation aux Nations unies elles-mêmes constitue une violation intolérable des principes sur lesquels l’ONU a été fondée.

De plus, le plan du président américain pour Gaza (octobre 2025) est une nouvelle démonstration du mépris de ce pays pour le droit international. Si nous soutenons pleinement la fin immédiate des massacres et l’acheminement urgent de l’aide humanitaire, comme le réclament les citoyens du monde entier, ce plan vise en réalité à perpétuer la domination coloniale sous de nouvelles formes et nie le droit du peuple palestinien à l’autodétermination. En privilégiant la sécurité des colonisateurs au détriment de la justice, il accorde en réalité l’impunité aux auteurs de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, alors que le droit international interdit catégoriquement toute amnistie pour de tels crimes. Tout plan de paix véritable doit donc inclure des mécanismes de justice transitionnelle et réparatrice, de responsabilité et garantir l’accès des victimes à la justice et à la réparation.

Dans ce contexte, nous appelons à la mobilisation des peuples, des mouvements sociaux et des organisations de la société civile pour défendre le droit international fondé sur la Charte des Nations unies et les droits inaliénables des peuples. Ensemble, nous devons renforcer un multilatéralisme centré sur les peuples, capable de faire respecter la justice et la responsabilité. Notre action collective sera essentielle pour faire progresser la justice réparatrice pour les victimes et pour garantir que les responsables de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité soient pleinement tenus responsables.

À cette fin, nous exhortons également les États membres de l’ONU à :

  • assumer leurs responsabilités et prendre des mesures concrètes pour lutter contre l’érosion systématique du droit international, tout en défendant le système multilatéral dans la poursuite de la paix, des droits humains, de la justice sociale et de la protection de l’environnement ;
  • envisager le transfert immédiat du siège de l’ONU de New York à Genève, en attendant une décision collective sur le futur emplacement du siège principal de l’ONU, afin de mettre fin à l’ingérence arbitraire et illégale du gouvernement américain dans le fonctionnement de l’Organisation.

Dans cet esprit, nous plaidons en faveur d’un système multilatéral libre de l’emprise omnipotente des États puissants et des intérêts économiques, garantissant ainsi un multilatéralisme démocratique, inclusif et participatif. La défense et le renforcement d’un tel système exigent une opposition résolue à la loi du plus fort et un engagement ferme à défendre l’égalité des droits de tous les peuples et de tous les États à être entendus, représentés et protégés en vertu du droit international.

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