Prune Missoffe, militante des droits humains : entretien sur la flottille en partance pour Gaza

Prune Missoffe, militante des droits humains : entretien sur la flottille en partance pour Gaza

Militante pour les droits humains, Prune Missoffe revient sur son engagement au sein d’une flottille de solidarité en direction de Gaza : objectifs concrets, sens politique. 

– Comment t’es tu retrouvée dans la flottille en partance pour Gaza ?

Je suis intimement convaincue que les luttes décoloniales, antiracistes, féministes, anti-carcérales, écologistes, anti-capitalistes… convergent vers les mêmes idées d’humanité et de justice. Elles s’enracinent toutes dans la résistance face à l’oppression, et sont donc fondamentalement indissociables et nécessaires les unes aux autres.

Et je suis depuis longtemps convaincue de la justesse de la lutte du peuple palestinien pour sa liberté, et de l’injustice qu’il subit face à une entité coloniale surarmée depuis des décennies et en toute impunité.

Quand j’ai vu passer l’appel à rejoindre la flottille, je venais de quitter mon travail à l’Observatoire international des prisons Section française où j’ai passé quatre ans à dénoncer, aux côtés notamment d’Emmaüs France, la répression grandissante, la violence institutionnelle de la prison et les violations systémiques des droits des personnes détenues.

Lorsque le génocide a commencé, que les récits et images d’horreur nous arrivaient, j’ai essayé de m’informer davantage, de participer aux mobilisations, mais sans jamais être vraiment pro active. Alors quand j’ai vu passer cet appel, c’était comme si tout s’alignait et que je pouvais enfin m’engager en soutien en peuple palestinien à la hauteur de ce que je ressentais.

– Quels sont les objectifs concrets de ce mouvement ?

Le premier objectif, c’est d’arriver jusqu’à Gaza pour ouvrir un corridor humanitaire. Nous avons sur nos bateaux des vivres et des médicaments à délivrer dès notre arrivée, mais c’est bien évidemment insuffisant face à la famine organisée par l’entité génocidaire. Si nous réussissons, ce sera déjà une aide précieuse, mais derrière il y a surtout l’espoir de briser le blocus illégal de Gaza.

Un deuxième objectif est de visibiliser le soutien mondial au peuple palestinien. Nos bateaux sont chargés de tant d’espoir et d’humanité. Ils viennent rappeler que nos gouvernements, complices de génocide, ne nous représentent pas. Et que nous refusons de rester silencieux.ses lorsqu’un nettoyage ethnique a lieu devant nos yeux. Sur ce point, c’est un immense succès. La solidarité internationale est magnifique et elle ne cesse de grandir chaque jour.

Et puis, il y a aussi la pression que nous espérons exercer, avec la flottille mais surtout avec toutes celles et tous ceux qui luttent, sur nos gouvernements pour qu’ils cessent d’être complices, et pour qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin au génocide.

– Comment pouvons-nous au sein d’Emmaüs nous mobiliser aujourd’hui pour contribuer à stopper le nettoyage ethnique à Gaza ?

En poursuivant ces mêmes objectifs !

Il faut agir fort et vite. Il faut des sanctions économiques, diplomatiques et militaires claires pour mettre fin à ce nettoyage ethnique, avec un embargo total sur l’exportation de matériel militaire. L’escalade de la violence en Palestine est innommable et se produit à une vitesse affolante. Chaque minute compte. Mettez une pression sans précédent sur le gouvernement. Écrivez à vos représentant.es politiques, téléphonez-leur, exigez un rendez-vous, urgez-les à prendre position et agir à leur tour.