D'initiatives de solidarité à une force collective d'interpellation

Au cours de sa vie, peu de sujets laissent l’abbé Pierre sans réaction ou désir de s’y attaquer. A plusieurs reprises, il emmène dans son sillage le Mouvement Emmaüs pour défendre les droits des plus pauvres, la justice et la paix . Ce sera notamment le cas au début des années 1970 lorsque sévit la guerre civile dans la province pakistanaise du Bengale. De retour d’Inde, il adresse une lettre aux 38 000 maires de France dans laquelle il les appelle à constituer des jumelages de coopération pour venir en aide aux camps de réfugiés bengalis en Inde. Plusieurs comités d’Amis Emmaüs y répondent et se rassemblent dans l’Union des comités de jumelage – coopération. Plus tard, au début des années 90, alors que le Bénin est en crise, et que s’ouvre une lutte pour le respect des droits fondamentaux, l’abbé Pierre et une délégation d’Emmaüs International se rendent sur place pour soutenir le processus de transition démocratique. Ils prennent part à une campagne d’information et de lobbying sur le thème “Vaincre la fatalité en Afrique”. A la même époque, l’abbé Pierre prend position sur la guerre en Bosnie et écrit avec le Mouvement Emmaüs une lettre ouverte au Président de la République Française. Jusqu’à fin 1995, le Mouvement se mobilise collectivement à travers l’envoi de différents convois pour acheminer des vivres et du matériel à destination des réfugiés et victimes de cette guerre.

En parallèle , les groupes Emmaüs mènent des actions de solidarité internationale à l’échelle locale, sous la forme d’aides directes (jumelages entre communautés, partenariats ou envois de conteneurs). 

A partir du début des années 2000, les groupes Emmaüs s’interrogent sur une plus grande cohérence et coordination entre ces différentes actions. C’est pourquoi, dès 2003, le Mouvement enclenche deux réflexions. Une première pour faire émerger les thématiques communes qui doivent permettre aux groupes de devenir acteurs de la parole politique du Mouvement. Une seconde sur les pratiques de solidarité internationale qu’il faut faire évoluer, et qui débouchera sur un choix de mutualisation des ressources des membres du Mouvement pour une redistribution plus équitable, plus partagée, et transparente.

Entre 2003 et 2007, Emmaüs International initie un travail collectif d’interpellation politique autour de 5 axes que sont : le droit à l’eau, la finance éthique, les droits des migrants et la lutte contre la traite des êtres humains, le droit à l’éducation et le droit à la santé. De ces thématiques communes découlent les premiers projets collectifs du Mouvement : le programme citoyen d’accès à l’eau à Nokoué (Bénin), le lancement du Fonds Ethique Emmaüs, le livre blanc sur les migrations « Visa pour le Monde », les mutuelles  Santé Emmaüs et la rencontre internationale sur l’éducation.

Par la suite, entre 2007 et 2011, Emmaüs International multiplie ses participations dans des espaces internationaux et développe des alliances avec des collectifs et associations afin de porter avec d’autres une interpellation politique commune sur ce qui crée pauvreté, injustices et dégradation de la planète. A titre d’exemple, dans le cadre de sa participation régulière aux Forum Sociaux Mondiaux, il crée avec le mouvement Utopia, la fondation France Libertés-Danielle Mitterand,  l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle, rejoint en 2015 par le CCFD-Terre Solidaire et le réseau latino-américain Red Sin Fronteras.

Découvrez les actions de l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle.